Quels sont les principes fondamentaux de la systémique ?
- Cinq principes qui s'appliquent aussi aux organisations humaines -
🔁 1. Un système durablement désaligné de sa finalité s’effondre.
Ce principe, d’apparence sévère, est pourtant empiriquement robuste : dans tous les systèmes vivants — des cellules aux sociétés humaines — lorsqu’un écart se creuse durablement entre les actions du système et sa finalité fonctionnelle (ex. : survivre, transmettre, s’adapter, réguler…), alors le système :
- entre en tension interne (frictions, inefficacité, gaspillage d’énergie),
- perd progressivement ses capacités de rétroaction, c’est-à-dire sa lucidité sur lui-même,
- finit par se figer, c’est-à-dire à ne plus se transformer,
- et donc, mécaniquement, meurt : biologiquement, symboliquement, ou fonctionnellement.
Exemple :
Un écosystème surexploité, une organisation humaine dont le récit masque ses actes, un cerveau coupé de ses capteurs sensoriels, ou une institution incapable d’intégrer des signaux faibles. Tous finissent dans une clôture homéostasique létale.
🔄 2. La perte de connexion au réel induit une perte de capacité de mutation
Un système vivant ne peut se transformer que s’il est connecté à ses propres signaux internes et à son environnement réel — pas à une version fantasmée, normée, ou idéologisée. Cette capacité de mutation (ou résilience) repose sur :
- des boucles de rétroaction actives, qui informent le système de ses écarts,
- une ouverture cognitive au trouble, au conflit, à l’inconfort,
- une capacité à nommer lucidement les zones de désalignement sans les dissimuler sous le tapis narratif.
Lorsqu’un système ne se voit plus fonctionner — ou refuse de se voir — il cesse d’évoluer. Il se protège à court terme… en se condamnant à long terme.
🌱 3. Ce principe est valable depuis des milliards d’années
Ce n’est pas un dogme. C’est une constante observable dans toute l’histoire du vivant, des premières bactéries à l’effondrement des civilisations. Gregory Bateson, Lynn Margulis, Edgar Morin ou même Stephen Jay Gould l’ont chacun exprimé dans leur champ.
🔬 Une cellule qui ne régule plus ses flux meurt.
🧬 Une espèce qui ne s’adapte plus disparaît.
🏛️ Une civilisation qui confond son récit avec la réalité s’effondre.
💼 Une organisation qui conserve sa structure au détriment de sa fonction devient toxique puis obsolète.
🧭 4. Une connexion lucide au réel est la clé de la résilience des systèmes humains
Lucide = non idéalisée, non fantasmée, non orientée par la peur ou le confort.
La connexion repose sur :
- une écoute des tensions comme messages et non comme ennemis,
- un rapport non défensif à la critique,
- une possibilité incarnée d’ajustement collectif, au lieu de perpétuer une façade.
La lucidité est un acte systémique vital. Ce n’est pas un luxe intellectuel : c’est le seul espace dans lequel la mutation devient possible.
🌍 5. La survie de l’espèce humaine dépend de cette capacité de connexion lucide.
Dans un monde saturé d’artefacts cognitifs, de narrations auto-justificatrices, et de récits de survie abstraits, retrouver la capacité d’écouter le réel tel qu’il est — sans anesthésie — devient un acte de survie collective.
🌿Ce n’est pas un slogan : c’est un opérateur fonctionnel de transformation🌿